Inca trail et Machu Picchu

Nous sommes revenus de 4 jours de trek sur le chemin de l'Inca pour aller voir le Machu Picchu. Et bien ce n'était pas facile, on a été impressionnés par le chemin fait de gros blocs de pierre, de murs d'une dizaine de mètres de haut lorsque la montagne tombe trop à pic, et même de tunnels. Les Incas ont dû transporter ces blocs à de telles altitudes, alors que rien que d'emprunter le chemin nous a épuisés !

Une organisation millimétrée

Depuis quelques années, le gouvernement Péruvien a limité l'accès au chemin de l'Inca à 500 personnes par jour. Cette année, il a de plus imposé un certain nombre de règles aux entreprises opérant l'inca trail : obligation d'avoir une tente cuisine, une tente salle à manger, 2 guides si le groupe est supérieur à 8 personnes, un maximum de charge de 20kg pour chaque porteur, etc. Et l'on ne peut pas faire sans tour operator. Ce qui donne 200 marcheurs par jour, et 300 porteurs. Et une organisation impressionnante…

Il faut savoir que les endroits où l'on peut établir le camp ne sont équipés que de toilettes à la turque et d'un robinet qui donne l'eau de la rivière (il y avait un cours d'eau à coté de chaque camp). Malgré cela, les cuisiniers et porteurs arrivent à faire des merveilles….

En génral, le matin on vient nous réveiller dans notre tente avec un thé aux feuilles de coca. Puis le petit déjeuner est servi dans la tente salle à manger : omelette ou crêpe, pain grillé, confiture, beurre,… Pendant ce temps les porteurs démontent nos tentes et commencent à partir. Lorsque nous avons fini, ils ont pratiquement tout démonté sauf la tente salle à manger. Ils nous donnent à chacun 2L d'eau bouillie (pour la rendre potable), puis nous commençons à marcher. Environ 10 minutes après, nous sommes dépassés par des hordes de porteurs qui courent avec des sacs de plus de 25kg sur le dos, à plus de 3000 mètres d'altitude. Ils doivent arriver avant nous à l'emplacement de déjeuner pour monter les tentes cuisine et salle à manger. Lorsque nous arrivons, ils nous accueillent avec un verre de jus de fruit, une bassine d'eau pour chacun, du savon pour se laver les mains et la table dressée. Moins de 10 minutes plus tard, on est attablés devant une soupe, puis en général 5 plats différents à partager de viande, poisson, riz, crudités, purée, poivrons farcis, guacamole, maïs au fromage, etc. On n'a pas mangé 2 fois la même chose… Rappelons qu'ils doivent transporter TOUTE la nourriture, carottes, patates, avocats, viande, œufs, … Il n'y a rien sur l'Inca Trail. Puis on repart après une sieste, et de nouveau les porteurs nous dépassent (pas que les nôtres d'ailleurs, c'est le même système pour toutes les compagnies). Lorsque l'on arrive au campement du soir, les tentes sont déjà montées, on nous apporte une bassine d'eau chaude pour se laver un peu (ils ont fait chauffer l'eau de la rivière, pour 15 personnes), puis on a un apéro avec popcorn salé et crackers, et enfin le dîner (idem, 5 plats différents). A chaque fois la table est remplie de plateaux de nourriture, on ne sait plus où donner de la tête !

Les porteurs eux dînent d'une soupe (et de ce que l'on n'a pas pu finir, on l'espère) et dorment tous ensemble dans la tente salle à manger.

Le dernier jour on a même eu droit à un gâteau (du genre quatre quart) recouvert d'un glaçage au blanc d'œuf battu et avec marqué "welcome to the Machu Picchu" ! On n'a pas réussi à savoir comment ils l'avaient fait (pas de four bien sur)…

Le dernier matin, on doit partir du camp à 5h00 car les porteurs ont leur train de retour en bas de la vallée à 5h30 (Peru Rail n'affrète qu'un train par jour pour les porteurs). On n'a toujours pas compris comment il était humainement possible de finir de plier le camp et de faire 5km de descente d'escaliers avec 25kg sur le dos en 30 minutes… Mais paraît-il qu'ils ont eu leur train.

Ah j'oubliais, les porteurs sont Quechuas, ils vivent dans des petits villages dans les montagnes et sont agriculteurs. Les plus grands doivent mesurer 1m55…

Sur d'autres chemins, leur peine est épargnée par le travail des mules
On a tous une tête de plus qu'eux … Ces sur-hommes !

L'inca trail

Nous avons fait l'inca trail classique, 4 jours de rando et 3 nuits sous la tente, pour arriver le 4ème jour directement sur le Machu Picchu. 45 km de sentier réalisés par les Incas comme pèlerinage pour rejoindre leur site sacré.

Le premier jour, c'est assez facile, 12km entre 2500m et 3000m, c'est pour se mettre en jambe. Le paysage est beau, nous longeons à flanc de montagne la rivière Urubamba qui coule dans la vallée.

Le deuxième jour, ça se corse : nous devons monter au col "dead woman" (à cause de la forme de la montagne, personne n'est mort ;-) ) à 4200m d'altitude. 1200m de dénivelé positif, avec seulement 61% d'oxygène et des marches en pierre. Les porteurs ne courent plus, ils se mangent même du riz avec du poisson à mi-hauteur (à 9h30 donc), c'est dire… Honnêtement, c'était difficile, avec nos sacs qui pesaient 10kg pour moi et 15kg pour Thomas (oui même sans appareil photo il arrive à trouver du poids ;-) ), nos cuisses ont souffert… Mais on est arrivés deuxièmes en haut ! Et en plus quasiment tous les autres avaient pris un porteur pour leurs affaires, sac de couchage et matelas. Puis 200 mètres de descente et à la question au déjeuner "on continue encore 3h cette après midi ?", entre les personnes qui étaient épuisées, celles qui étaient malades, et ceux qui ne rêvaient que d'une sieste (réveil à 5h oblige), le NON était unanime. Cette partie était jolie également, des paysages similaires au premier jour mais avec plus de hauteur (sans blague), ce qui nous a permis d'avoir une belle vue sur la vallée.

Nous en haut de dead woman's pass
Nous en haut de dead woman's pass

Le troisième jour, 16km, 1000m de dénivelé négatif, on se dit que ça va être facile, les doigts dans le nez vu ce qu'on a fait la veille. Et bien que nenni ! C'était pour moi le jour le plus difficile, 2 cols à passer tout de même, pas mal de ruines Incas à visiter, beaucoup de descente. Une longue journée en somme. A la fin on en avait vraiment plein les pattes, et on sentait la fatigue générale au dîner. Cependant, cette partie était dans la jungle, avec des tunnels Incas taillés dans la montagne (avec des instruments en bronze, ils ont dû s'amuser), des orchidées qui ressemblaient à des abeilles, des lianes, des ponts, et ces fameux murs de pierre d'une dizaine de mètres de haut pour faire le chemin lorsque la montagne est trop à pic. Impressionnant !

La météo change pas mal ici
La cloud-forest

Le dernier jour, clou du voyage : le dernier bout du chemin qui mène au Machu Picchu. Réveil à 4h, départ du camp à 5h, et passage du point de contrôle du chemin à 5h30. Après 2h de marche, on arrive à la porte du soleil : le col depuis lequel l'on voit pour la première fois en quatre jours le Machu Picchu. Mais lorsque nous sommes arrivés, la vue était bouchée par les nuages, on ne voyait même pas la montagne Machu Picchu ! Puis, comme par magie, 10 minutes plus tard, les nuages se sont écartés et l'on a pu apercevoir la cité Inca. Quelle émotion de voir ce lieu magique, pour lequel on marche depuis 4 jours ! Le reste de la rando était tout de suite plus facile (2h supplémentaires).

Si si, il y a le machu picchu derrière
Le machu picchu entrevu depuis la porte du soleil

Le Machu Picchu

Alors, j'ai bien cru tomber sous le coup d'une malédiction familiale (n'est-ce pas Papa ?) : la maladie combinée à une forte fatigue due a la rando mais surtout au fait que je n'ai pas pu dormir de la nuit ont eu raison de ma première visite au Machu Picchu. Après une heure de visite guidée, j'ai jeté l'éponge, m'asseoir ne suffisait plus, je devais m'allonger. J'ai donc fini la journée dans mon lit d'hôtel, dans la ville au pied de la montagne.

Mais avec l'aide de Maria, médecin de son état, qui avait un "pack" pour tous ses compagnons randonneurs malades (on a été 6 sur un groupe de 15 tout de même), le lendemain j'étais sur pied et j'ai enfin pu profiter de cet endroit splendide ! Pas de malédiction finalement, ouf !

On avait un second billet pour le Machu Picchu combiné avec le Huayna Picchu pour le lendemain.

Je ne vais pas expliquer ce que racontent les livres sur le lieu, mais ce qui m'a surprise c'est qu'il est vraiment bien conservé. On peut voir toutes les maisons et temples debout, des toits en paille ont été refaits sur certaines maisons, les fontaines et le ruisseau existent encore, et les terrasses qui servaient à la culture sont intactes. Après plus de 500 ans, c'est impressionnant ! On nous a expliqué qu'ils avaient fait les murs légèrement penchés vers l'intérieur pour mieux résister aux séismes, et que les pierres s'encastraient entre elles comme des legos, elles sont taillées pour tenir entre elles sans besoin de liant. Ça explique.

Le prior-act pour les lego est tout trouvé !
L'impressionante précision avec laquelle les pierres s'emboitent

La il n'y avait pas de Lama
Le machu picchu, vu de l'intérieur. Avec le Huayna Picchu en arrière plan

Le Huayna Picchu

C'est la montagne en face, qui permet d'observer le Machu Picchu de haut, dans toute sa splendeur. L'ascension est difficile physiquement (les marches sont hautes, incompréhensible sachant qu'ils étaient plus petits que les Quechuas) mais surtout psychologiquement pour les personnes qui ont peur du vide. Une personne de notre groupe nous a dit qu'elle avait du s'allonger 30 minutes en haut pour arrêter de trembler, et on voyait beaucoup de gens s'accrocher à tout ce qu'ils pouvaient avec des yeux exorbités… Il est vrai qu'il manque quelques mains courantes sur des marches de 30 cm de haut, 20cm de large, 10cm de profondeur (non un pied pointure 37 ne tient pas), et ce à flanc de montagne !

Mais la vue valait le coup :

Les marches étaient aventureuses, mais moins qu'annoncé
Le Machu Picchu, vu depuis le Huayna Picchu

On est contents !

On arrive même à voir le machu picchu à travers les nuages
Ça valait vraiment le coup !


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